Les plateformes vont-elles détrôner WordPress ?
Faut-il vraiment utiliser WordPress pour lancer son blog en 2024 ? Ce CMS domine le marché mais est-il toujours incontournable ?
Si vous voulez créer un blog professionnel, il y a fort à parier que vous vous intéressez à WordPress. Ce CMS (Content Management System) s’est imposé dans le monde du blogging. Hautement personnalisable, bénéficiant d’une communauté très active d’utilisateurs et de professionnels, WordPress a “fièrement propulsé” environ 60% des sites web dans le monde. Loin, très loin, devant ses concurrents Wix et Blogger.
WordPress et les blogueurs évoluent-ils dans le même sens ?
J’ai créé mon premier blog avec WordPress en 2014. Depuis, le CMS a radicalement changé. Il offre de plus en plus de possibilités mais j’avoue que j’ai du mal à suivre. Cela va trop vite, demande parfois des connaissances en webdesign que je n’ai pas et nécessiterait de passer du temps à appréhender les nouvelles fonctionnalités. Avec l’introduction de son nouvel éditeur de blocs, baptisé Gutenberg, c’est tout le processus éditorial qui a été modifié. J’ai laissé passer le train. Comme beaucoup d’utilisateurs, je suis resté à quai, avec l’ancien éditeur, priant pour ne pas avoir à refondre entièrement mon site.
Même si la prise en main du CMS devient de moins en moins intuitive. Sur le web, les influenceurs du secteur vous l’assurent : WordPress reste la solution la plus adaptée ! Et si vous ne vous en sortez pas seuls ? Pas de panique, ils seront là pour vous épauler grâce aux formations qu’ils vendent.
Bref, rien ne semble pouvoir arrêter le succès de WordPress.
Le revers de la médaille est que ce CMS est devenu une cible de choix pour les piratages. Quitte à investir du temps pour hacker un système, autant choisir celui qui est le plus utilisé.
Bien sûr, vous pouvez vous contenter de payer l’hébergement de votre site et n’utiliser ensuite que des modules gratuits. Mais si vous voulez un site professionnel, vous voudrez certainement privilégier la performance et la sécurité. Il vous faudra des modules efficaces et régulièrement mis à jour. Vous vous abonnerez certainement alors à quelques modules payants.
Enfin, gérer la sécurité d’un site web exige des compétences. Vous pouvez les acquérir. Tout s’apprend après tout. Il faudra ensuite réaliser les opérations de maintenance, effectuer des sauvegardes régulièrement, surveiller les bugs éventuels et surtout les résoudre. Combien de nuits blanches ai-je passées à résoudre des problèmes liés à des incompatibilités de modules ?
Mauvais souvenir. Oui, souvenir, parce que désormais j’ai souscrit un contrat avec une prestataire qui gère le côté technique et la sécurité de mon site.
En tant qu’écrivain, je considère que mon blog fait partie de “mon oeuvre”. De plus, c’est mon outil de travail principal. Mes clients l’utilisent pour passer leurs commandes et il est donc inconcevable que je joue avec la confiance qu’ils m’accordent. Pas question de lésiner. J’y ai donc investi de l’argent au fur et à mesure que mon chiffre d’affaire me le permettait. Aujourd’hui, mon site me coûte environ 1600€/an. Une somme non négligeable.
Le prix de la liberté néanmoins.
Avant de le confier à une prestataire, je passais tellement de temps à m’en occuper que je n’arrivais plus à trouver un moment pour écrire tranquillement. Je faisais tout dans l’urgence, tout le temps.
En fait, mon blog me sortait par les yeux. Il n’y avait plus de plaisir.
Oui, WordPress est une merveille, un outil formidable. Mais ce n’est pas toujours un fleuve tranquille. Il faut alors se poser la question : sommes-nous des écrivains ou des webmasters ? À quelles tâches devrions-nous dédier notre temps ? Il semble évident que le CMS peut parfois nous détourner de notre vrai métier.
Se concentrer sur l’écriture
Aux États-Unis, certains blogueurs ont pris une décision radicale. Ils ont tourné la page de WordPress. Ils bloguent sur Medium, éditent leur newsletter sur Substack et vendent leurs e-books sur Amazon ou Gumroad.
Ils le clament haut et fort. WordPress appartiendrait déjà au passé. L’avenir se trouvent dans les plateformes. Celle-ci ont en outre l’avantage de rapporter de l’argent aux auteurs au lieu de leur en coûter.
Par ailleurs, les auteurs, notamment sur Medium, ne sont plus contraints de s’enfermer dans une niche.
Alors, les plateformes vont-elles détrôner WordPress ? Devez-vous abandonner votre blog personnel et votre nom de domaine ?
Pas si vite.
Tout d’abord, ces plateformes sont peu implantées en France. Les lecteurs francophones y sont encore peu nombreux et la très grande majorité des articles publiés sont rédigés en anglais.
Par ailleurs, ce que vous publiez sur WordPress vous appartient. Vous pouvez faire une copie intégrale du site et le réinstaller chez un autre hébergeur. En revanche, le jour où vous quittez Medium… vous quittez Medium. Vous n’emportez rien d’autre que du texte et il faut tout rebâtir ailleurs.
En ce qui concerne le référencement, Medium ne s’en sort pas trop mal. A noter que d’après mes propres tests, les articles en anglais sont très bien référencés aux États-Unis. Cependant, pour une requête lancée en France, les articles en français obtiennent de moins bons résultats qu’avec un site WordPress optimisé.
Les États-Unis ouvrent une voie mais les Européens ne semblent pas encore tout à fait prêts pour ce bouleversement. Il faut de plus ajouter un autre paramètre. Le public français est-il disposé à payer un contenu qu’il consommait gratuitement jusqu’à ce jour ? Pas si sûr.
Néanmoins, il se pourrait en effet que cette voie soit celle de l’avenir.
En tout cas, les plateformes ont réussi à créer des communautés d’auteurs. Ce sont eux qui sont mis en avant.
La technique se fait dans les coulisses et ils n’ont pas à s’en préoccuper. Ils peuvent se concentrer sur l’écriture, rien que l’écriture.
Les lecteurs, quant à eux bénéficient enfin de plateformes dédiées au blogging qui proposent un algorithme de suggestions. Plus la peine de se montrer créatif pour saisir des mots clés dans la barre de recherche. Avec les plateformes, les articles viennent à vous, plus besoin de les chercher.
Il n’y a donc rien à perdre à investir ces plateformes dès maintenant. Plus les auteurs français s’en empareront, plus les lecteurs auront du choix. Mais c’est à nous d’y emmener notre public.